mardi 27 février 2007

Of Montreal - Satanic Panic in the Attic

A quoi reconnait-on un groupe de pop psychédélique actuel ? Mis à part la pochette hideuse ? Et hormis le look hippyhirsute du chanteur (Devendra Banhart lève le bras) ?
Et bien au fait qu'il recycle le même fond de tonneau usé par des milliers de suiveurs depuis le fabuleusement sucré Sgt Pepper's des Beatles. Pitreries stéréo de mauvais goût, mélodies acidulées indigestes : n'est pas l'égal des Fab Four qui veut, les Stones l'apprendront à leur dépend (Their Satanic Majesties Request est un bide retentissant en 67, voir le déguisement de Jagger sur la pochette!). Les années 90 vont aider un peu à la réhabilitation de ce genre devenu entretemps assez kitsch, avec les Flaming Lips ou encore Grandaddy. Mais bon, la voix de prépubèresouslexomil de Wayne Coyne - cherchant vainement la tonalité Neil Young - ça va deux secondes mais ça lasse vite.
Mais voilà, depuis 1997 sévirait un combo aussi inconnu qu'intéressant, dénommé Of Montreal. Encore une fois, Pitchfork est derrière le récent buzz (conditions pour être repéré par le blog tendance : indépendant, pop, et "aussi peu connu du grand public qu'un live pirate des afghan whigs").
Tout y est : les pochettes horribles, le clone de Mc Cartney, les harmonies vocales lascives, et même les guitares et le pipeau qui font d'époque. Mais ce serait injuste de ne s'arrêter qu'à ça, le groupe vit également avec son temps, avec des petites touches d'électro par-ci par-là. Et miracle : leur musique est fraiche, leurs mélodies sont géniales, ça ne sent pas le vieux dessus de lit orange à fleurs des grands parents. L'album Satanic Panic in the Attic (sorti en 2004) est excellent. Comment peut-on résister devant Lysergic bliss ? Quel titre ! C'est créatif, sautillant, jubilatoire! City Bird pourrait être une perle issue des sessions du White Album. Mais ça ne sonne pas que furieusement Beatles (du moins pas partout), on retrouve du Beach Boys sur le très surf Disconnect the Dots ou encore du Zombies sur Will you come and fetch me.

Leur nouvel album qui est sur le point de sortir, Hissing Fauna, are you the destroyer ?, fera sans doute l'objet de quelques lignes sur ce blog. En attendant, précipitez vous sur cette vraie découverte.

Of Montreal Website

Quelques titres en écoute :



Cold war kids - Robbers & Cowards

Irradiés par les retombées radioactives d'une guerre atomique n'ayant jamais eu lieu, contaminés jusqu'à l'os par des influences toxiques, les Cold War Kids sortent leur premier disque-ovni, Robbers & Cowards (fev. 2007).
Car ce sont de véritables mutants. Leur musique est un splendide bordel hésitant entre patrimoine et avenir Rock, le tout porté par une voix rappelant très fortement celle de Jack White. Les influences sont parfois évidentes mais non cohérentes ; jeunes Rolling Stones par ici (Hair down), Blues Explosion période Acme par là (Saint John), rythmique syncopée façon Field Music également. Entre (des tas) d'autres. Certains y voient même la présence lointaine de la patte Arcade Fire (ça ne saute pas aux oreilles cela dit), c'est dire le large panorama musical recyclé par les californiens.
Plusieurs titres sont déjà indispensables : le classique We Used to vacation, le méchant Hang me up to Dry (son énorme!), le délirant Hair Down ...

Voici de quoi vous donner une idée :





Cold War Kids website

jeudi 22 février 2007

Arcade Fire - Intervention (single)

En l'espace de deux ans Arcade Fire est devenu un groupe monumental grâce à leur dernier album, Funeral, à leurs excellentes prestations scéniques ainsi qu'au déluge de bonnes critiques venant aussi bien de la presse rock que d'artistes reconnus. Qui aurait pu prédire un pareil succès pour un groupe autant en marge ? Loin de l'essoufflement rock'n'roll général, Arcade Fire proposait avec Funeral une pop sans compromis, des mélodies héroïques et des chansons ancrées entre la vie et la mort.
Précédent Neon Bible, prochain album attendu par des milliers de convertis, le single Intervention a fait son entrée sur les ondes depuis maintenant quelques semaines. Tout commence par un grondement d'orgue impressionnant, puis par une progression d'accords très marquée introduisant une superbe mélodie dont les québécois sont coutumiers du fait. C'est d'ailleurs ici que se tient une bonne partie du paradoxe musical Arcade Fire : bien que la rythmique et la progression implacable de leurs chansons soient aussi fines qu'un mastodonte en surpoids (Rebellion lies, Wake Up...), le sens mélodique est l'égal de celui d'un Radiohead en bonne forme ou d'une excellente cuvée Wilco. La voix de Win Butler fait penser à celle d'un Dylan du nouveau millénaire, anticipant le rythme, vibrante, hors cadre. La similitude avec l'icône beatnik ne s'arrête pas là, Intervention poursuit dans la même veine que Funeral ; base folk, progression crescendo, paroles emphatiques et imagées, on est pas si loin de Blood On The Track. La musique, elle, tient autant des groupes du début des 80s que de Neutral Milk Hotel (le folk, encore une fois).
Intervention est un très bon titre qui nous rassure, le groupe est toujours capable de nous faire brailler qu'on aime la vie, même si on se dit que les places pour leurs concerts français sont parties comme des petits pains et qu'on est franchement dégouté de les avoir loupé encore une fois!

Arcade fire website

Ce single est en écoute ci-dessous :

jeudi 15 février 2007

Babyshambles - The Blinding EP

J'allais commencer comme ça :
"On avait laissé la bête avec sa belle depuis la dernière livraison de ses Babyshambles, le brouillon Down in Albion à la fin de l'année 2005. Depuis, moins de drogues, changement de maison de disques et relation plus saine avec cocaïne Kate (ou, pour rester dans Walt Disney, Blanche Neige)."

Mais après petite recherche google hop hop :
Deux dépêches sur Doherty en l'espace de 15 jours, dont une rapportant qu'il pourrait signer avec Endemol pour être le protagoniste d'un show real TV un peu spécial concernant sa prochaine cure de désintox. Bien bien bien. Rien ne change.

On l'avait laissé un peu perdu, on le retrouve donc pas beaucoup mieux. Son dernier 5 titres The Blinding Ep est néanmoins très réussi. Déjà, ça sonne plus propre que sur Down in Albion. On retrouve du connu (Love you but you're green, ancienne démo acoustique) et du tout nouveau tout beau, comme le surprenant "I wish" avec sa mélodie soleil et son rythme reggae, voire carrément Ska. Agréablement léger comme ce qui suit, le printanier "Beg, Steal or Borrow". Avec ces deux titres euphorisants, sans saturation, Doherty continue de s'éloigner des Libertines et semble commencer à trouver sa voie. Car on connait le talent du fantasque Peter, son songwriting très haut dessus de la moyenne et sa voix de velours so romantic. A l'écoute de son disque on ne peut s'empêcher de souhaiter qu'il épure encore le son et qu'il publie un jour en solo les nombreuses démos guitare voix qui trainent un peu partout sur le net. Un disque acoustico-romantique pour la prochaine Saint Valentin ?

Disque extrêmement agréable, les cinq titres sont de très bonne facture et font oublier le négligé Down in Albion : 9/10
Artiste similaire : Libertines, Clash, Jam...

mercredi 14 février 2007

Les Naast chez Taddeï

J'en parlais dans le billet précédent, Gustave Naast façon Jean Claude Van damme.

mardi 13 février 2007

Gustave Naast, nouveau Richard Anthony?

On peut se poser des questions sur la lucidité du bonhomme mais Doherty himself aurait déclaré : Paris est (avec Londres) la ville la plus Rock au monde. Soit. Pourquoi pas, après tout il n'a pas dit que le PSG était une bien meilleure équipe que Manchester United.
Toujours est-il que, cinq ans après l'éclosion de la nouvelle bulle rock aux Etats Unis (Strokes, White Stripes) puis à Londres (Libertines), les jeunes Parisiens sortent de leurs garages. A l'heure actuelle, les trois groupes phares de cette nouvelle scène sont les Naast, les Second Sex et les Plasticines. Propulsés dans les médias comme rarement cela avait été fait pour leurs aînés, ils peinent cependant à trouver une crédibilité face à de plus en plus de détracteurs.
Tiens par exemple, invités chez Taddeï fin 2006, les Naast ne brillent pas par leur pertinence. Vingt minutes de propos contradictoires et pédants du chanteur face à un Bernie Bonvoisin consterné. Même Brigitte Fontaine est plus cohérente. Le plus grave c'est surtout cette certitude d'être de bon goût, d'être fringué de la meilleure manière, d'avoir les bonnes influences. Autrement dit : de se prendre au sérieux. Alors certes ils ne revendiquent pas que des conneries, ils citent à tour de bras les Stooges, Small Faces, ou MC5. C'est intéressant mais ça manque un peu de profondeur, ça ressemble vaguement à une leçon apprise par coeur dans la rubrique érudit rock de Rock&Folk. Car le magazine a réellement joué un rôle de mentor, Manoeuvre et Eudeline en tête (critiques dithyrambiques avant même la sortie d'un album, soirées RocknRoll friday au Gibus, etc.).
Le fait de ne se permettre aucune faute de goût est à mon sens une erreur monumentale qui ne fait qu'enfoncer la musique Rock dans une impasse, voire un musée. Il existe des accidents heureux offrant une véritable échappatoire où ce qui était perçu avant comme kitsch devient subitement cool, que ce soit pour le look, l'attitude ou encore la musique.
La bonne nouvelle dans tout ça, c'est l'apparente facilité à se créer une culture rock digne de ce nom grâce à Internet. Comme ils le disent eux mêmes, la véritable (r)évolution par rapport à leurs aînés vient de là. En trois clics vous passez de la bio des Small Faces sur Wikipedia au Myspace du nouveau groupe à la mode. Une heure plus tard, vous avez téléchargé puis uploadé l'intégral des Clash et des Jam dans votre Ipod. Mieux encore, grâce aux tablatures en ligne on peut apprendre n'importe quel morceau en un rien de temps. On pourra regretter le temps des disquaires poussiéreux et du prof de guitare à cheveux longs, ce n'est pas mieux, ni moins bien, c'est juste plus rapide.

Mais dans tout ça, quid de leur musique ? A leur image, ils utilisent les bonnes guitares sur les bons amplis, enchaînent les bons refrains après les bons couplets mais sont incapables de sortir le moindre morceau original. En 2002, les critiques reprochaient aux White Stripes ou aux Libertines de ne pas innover. Alors certes oui, la musique n'était pas radicalement différente, mais ces groupes ont apporté des mélodies neuves, des enchaînements originaux ainsi que de nombreux morceaux devenus maintenant des classiques. A Paris, les babyrockers (car c'est comme cela qu'on les appelle) joue dans les clous, rien de dépasse, on dirait de vagues reprises de chansons anglophones dont les chanteurs français des années 60 faisaient la transcription dans leur langue maternelle (à écouter : Zazie fait de la bicyclette, par les Plasticines).
Alors Gustave Naast, nouveau Richard Anthony? Il faut bien admettre que, malgré tout, dans un paysage musical où la soupe règne (Star ac', RnB de mauvaise qualité, nouvelle chanson française molle du genou) l'énergie de ces groupes fait plaisir à entendre. C'est même bien plus agréable que le mouvement néométal en vogue il y a quelques temps. Mais on attend mieux de ces quelques gamins qui réagissent encore en moines copistes.

lundi 12 février 2007

The Shins - Wincing the night away

Bénéficiant d'une notoriété grandissante depuis le fameux Garden State de Zach Braff, The Shins nous livrent Wincing the night away, suite attendue du très réussi Chutes too narrow (2004).

L'album débute mollement avec Sleeping lessons (et pour cause) mais se rattrape vigoureusement avec le premier single Australia. On y retrouve tout ce qui fait le charme du groupe, écriture fluide, mélodies lumineuses, arrangements ensoleillés. On remarque cependant des influences insoupçonnées avec un son un peu plus 80s que par le passé et une voix lorgnant de plus en plus vers celle de Morrissey. Les arpèges cristallins renforcent également le rapprochement avec le son des Smiths.
Après un titre de transition décevant, on retrouve sans doute le titre le plus marquant de l'album, Phantom Limb. Dire que ce single est taillé pour la radio pourrait paraitre saugrenu tant le groupe est attaché à son image de petit groupe indé. Cela dit, on retrouve une mélodie totalement imparable ainsi qu'un son plus dans l'air du temps que sur leurs deux précédents LP. C'est d'ailleurs sur ce point que le bât blesse ; ce groupe était attachant car il produisait une musique totalement à contre courant, mix parfait entre la pop précieuse des Kinks et les harmonies folk de Simon & Garfunkel. Sur certains titres leur son perd en chaleur et les mélodies reprennent toujours les mêmes recettes, rendant tout ça un peu trop prévisible. Ce constat posé, il faut bien admettre que la qualité reste bien supérieure à la plupart des albums actuels et que le groupe se situe toujours dans le haut du panier pop.
Les autres titres marquants sont Turn on me, où la bande à James Mercer retrouve la magie de Chutes too narrow et Split needles, titre plus expérimental avec de nouveau un son très 80s.

L'album se conclue joliment sur A comet appears, délicate et dépouillée, laissant espérer un retour en grâce des sonorités folk sur leur prochain album.

Bon album : 8.5/10
Artistes similaires : The Zombies, The Kinks, The Smiths, Simon & Garfunkel


Pavement - Cut your hair vidéo (1994)

Extrait de l'album crooked rain, crooked rain, Cut your hair est un des titres phare du groupe californien Pavement. Franchement décalée, cette vidéo nous propose trois minutes en compagnie de S. Malkmus chez un coiffeur. La chanson ironise sur l'importance donnée au look des nouveaux groupes rock "did you see the drummers hair ?" "career career career !".

jeudi 8 février 2007

Pop Levi - The return form black magick party

Passons sur le nom un poil ridicule (est-ce un rabbin à guitare ?) et sur l'apparence du bonhomme (sorte de Ringo Starr période Abbey Road, la classe en moins) pour nous intéresser au premier effort solo de Pop Levi, sobrement intitulé "The return form black Magick party".
Le premier titre et premier single "Sugar assault me now" impressionne par son énergie. Basse saturée, clappements de mains, rythme qui fait bouger les pieds et secouer les épaules. Et puis bam, ça balance des gimmicks ultra datés mais totalement jouissifs, des "Wooouw" des "Oh Yea aahh" et même un "YoouYoouYeaaah". Il n'en faut pas plus pour que l'auditeur commence à entrer dans une transe jubilatoire ultime, mouvements désordonnés des avants bras, secouage de tête ; la phase de transformation en Rock star virtuelle a commencé. On se sent drôlement bien, on connait bien tout ça. T-Rex !! Ils ont désincrusté Bolan du platane dans lequel il a foncé il y a 30 ans ? Non ? C'est Junkie XL qui a ressuscité sa voix ? La ressemblance est tout à fait frappante. Le ton de l'album est donné, sorte de mutation du glam à travers un ordi.

Blue honey est du même acabit, mais d'une manière encore plus puissante. Le rythme diminue mais le son reste énorme. La voix braille dans un saturateur, le riff de basse est monstrueux. La fin est étonnante, outre un canard (oui!) on y entend des bandes de cordes à l'envers, façon Beatles période revolver.
(A style called) Cryin'chic et Pick me up Uppercut sont des boules d'énergie, on danse, on fait des "Woouh!!", la filiation avec TRex est encore plus évidente que sur le dernier album des Belle&Sebastian.

Même si la suite est un peu plus plate, l'album reste assez homogène. On compte de nombreux singles potentiels et les autres titres sont réussis.

Les structures simplissimes et parfois même répétitives des chansons donnent un côté instantané et très accessible à l'album. En ça, Pop Levi réussit ce que Jim Noir avait réalisé un an plus tôt pour les années flowerpop : un riche album d'une apparente simplicité.

Bon album : 8/10
Artiste(s) similaire(s) : T-rex